Quoi de mieux que de mettre la théorie en pratique ! C’est dans cette optique que la classe de 1 CV2 du lycée professionnel Aristide Briand (Evreux) s’est rendue à Caen le jeudi 16 mars 2023.

Bruno Putzulu vient à la rencontre des élèves avant son spectacle
Au programme - chargé !- de cette belle et très longue journée : Le Mémorial de Caen, musée consacré à l’histoire du XXᵉ siècle et à la paix, puis une pièce de théâtre, un seul en scène, du comédien normand, césarisé et ancien pensionnaire de la Comédie Français, Bruno Putzulu, Les Ritals, d’après l’œuvre autobiographique éponyme de François Cavanna, parue en 1978.
Un utile travail de mémoire
Le Mémorial de Caen, ce « musée de la paix » créé en 1986 est aujourd’hui le musée le plus visité -hors Ile de France - de l’Hexagone. Il réunit une collection de plus de 8 000 objets et de plus de 100 000 documents traitant pour l’essentiel de la Seconde Guerre mondiale principalement en Europe. Et c’est justement sur ce thème que les élèves ont travaillé, d’abord en assistant à une visite guidée sur cette période tragique de l’histoire mondiale. Une guide a en effet retracé avec l’apport des élèves les différentes étapes et événement de ce conflit, tant dans son aspect purement militaire que dans son aspect humain.

Les élèves à l’écoute de la guide conférencière du Mémorial évoquant la place des femmes dans la Résistance
En début d’après-midi, ils ont pu visionner un documentaire sur le Débarquement des Alliés en Normandie, le célèbre D-Day, ou en Français, le « Jour J, retraçant l’incroyable Armada militaire encore unique au monde aujourd’hui qui a débarqué sur les côtes normandes, libérant ainsi l’ouest européen. Mais c’est certainement l’atelier pédagogique consacré à la résistance et à la collaboration en France durant cette période qui a davantage apporté du concret aux connaissances des élèves. Ainsi pendant une heure, les élèves ont revêtu le costume d’historien afin de retracer à l’aide de documents et d’objets d’époque ou reconstitués, le parcours de plusieurs personnages, certes fictifs, mais ô combien réalistes, pendant ce conflit et leur adhésion au camp de la collaboration ou de la résistance ou, comme 90 % des Français(es) de cette période, en ne choisissant aucun des deux camps, motivés par le seul désir de survivre pendant les années d’occupation nazie.

Les élèves ont travaillé sur des documents d’archives.
Le sort des immigrés italiens en France au début des années 1920
Cette belle leçon d’histoire et de mémoire s’est poursuivie le soir avec la représentation Les Ritals du comédien Bruno Putzulu qu’il joue depuis plusieurs années dans toute la France. Car c’est bien d’histoire et de mémoire dont il s’agit dans cette adaptation du roman autobiographique de l’illustre Cavanna. Le comédien, dans la peau de Cavanna, retrace ainsi la vie des Italiens émigrés en France au début des années 1920 à travers son père, présent sur scène par l’intermédiaire de son bleu de travail symbolisant la classe ouvrière à laquelle appartenait le père de l’auteur, mais aussi du comédien. D’ailleurs sur scène, on ne sait plus très bien si c’est l’histoire de Cavanna et de son père qui est racontée ou celle de Bruno Putzulu et du sien, tant les deux récits et histoire de vie se confondent souvent. Et c’est bien cela qui fait la force de ce seul en scène. On se laisse porter par un comédien envoûté par l’écriture de Cavanna, qui chante, qui danse, qui prend mille fois l’accent italien du père pour nous faire rire, nous émouvoir et surtout nous faire réfléchir au sort des immigrés italiens installés en France, ayant fui le fascisme dans leur pays au début des années 1920. Un sort pas toujours enviable, exerçant les métiers les plus pénibles et les moins rémunérateurs, s’excusant presque d’être Italiens, serrant les poings quand ils sont insultés de « Ritals » et de « macaronis », accusés de tous les maux et notamment du chômage qui sévit en France dans les années 1930. « C’est toujours pareil, rien n’a changé », s’exclame Bruno Putzulu, transcendé par le texte de Cavanna et qui termine le spectacle par les mots de l’auteur : « J’étais parti pour raconter les Ritals, je crois qu’en fin de compte, j’ai surtout raconté papa ». Un autre travail de mémoire aussi.